On me demande souvent ce que la découverte de mon caractère introverti a changé pour moi. Quelle a été ma réaction lorsque j’ai appris cette heureuse nouvelle… quelles émotions ai-je ressenti, et qu’est-ce que cela a changé dans ma vie.
Comme toujours pour moi, il m’est difficile de répondre en quelques mots. Je repense à tout ce qui s’est passé depuis. A tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai vécu depuis…
Comment tout a commencé
Mais j’ai tout de même trouvé un mot qui décrive parfaitement l’état dans lequel je me trouvais lorsque je lisais pour la première fois “La force des discrets” de Susan Cain, sur une plage caillouteuse et étroite d’une petite île perdue près de la côte nord de Croatie.
Ce mot était : “soulagement”.
Soulagé d’être normal.
Soulagé de confirmer l’intuition que j’avais depuis trente ans : ma discrétion et mon relatif silence avec les autres ne sont pas de la timidité.
Soulagé de savoir que je partage ces angoisses avec environ un tiers de la population.
Soulagé de lire dans ce livre toute ma vie passée (“comment a-t-elle fait, cette Susan Cain, pour me connaître si bien ?”) : si ce livre a été vendu à des centaines de milliers d’exemplaires, c’est que je ne dois pas être le seul à me retrouver dans ces lignes. Trop forte Susan.
Soulagé d’entrevoir un meilleur avenir possible, grâce à une meilleure compréhension de moi-même, grâce à un meilleur respect de mes besoins d’introverti.
Soulagé aussi de voir qu’il est possible pour un introverti non seulement d’avoir une vie heureuse, mais aussi d’avoir du succès et de la reconnaissance.
Bref, soulagé.
Mais il faut avouer que lorsque j’ai refermé le livre sur sa dernière page, et que je me suis retrouvé seul face à moi-même, je me suis senti perplexe. “Et maintenant ?” – “So what ?” (j’ai lu ce livre en anglais… il n’était pas encore traduit en français)
La suite de ces vacances en Croatie me trouva rêveur. Un monde nouveau s’ouvrait à moi, mais ce monde était confus.
Le monde du passé sous le jour introverti
D’une part, je revoyais tout mon passé sous un nouveau jour. Peut-être n’avais-je pas été si timide que cela ? Peut-être n’était-ce finalement pas de ma faute si je détestais autant les colonies de vacances ? Peut-être que j’aurais pu être moins discret pendant les cours si mes professeurs avaient été plus sensibles et m’avaient par exemple laissé préparer ma réponse au lieu de me surprendre ? Peut-être aurais-je eu plus de succès avec les filles si j’avais su plus tôt que ma force et mon charme résidaient dans autre chose que dans la facilité de parole ? Peut-être étais-je un petit garçon sensible, qui avait besoin d’un peu plus d’attention, et d’un peu plus de temps seul avec lui-même aussi… que les autres enfants “normaux” ?
J’ai commencé à énumérer les “si”… et si on m’avait expliqué tout cela quand j’étais petit ? et si j’avais vécu en Asie où les petits garçons discrets sont admirés ? et si… et si…
Mais on n’améliore pas sa vie avec des “si”. Et dépasser ce “si” pour passer au “comment” n’est pas une mince affaire !
La question qui se posait était donc : que faire maintenant ? Comment utiliser cette nouvelle information pour vivre mieux ? Pour me sentir mieux au quotidien ?
Une nouvelle réalité d’introverti
Cette nouvelle réalité, j’ai mis deux ans à en trouver de nouvelles fondations solides. Ce sont des fondations qui me permettent de me sentir mieux au jour le jour. D’être plus serein. D’être plus moi-même : mieux dans mes baskets.
Les fondations sont la base d’une quête de reconstruction de soi, qui durera probablement toute la vie. Car ces fondations permettent de partir dans la bonne direction, “enfin !”. Ces fondations permettent de construire un équilibre durable entre zone de confort et zone d’expérimentation. Elles permettent de savoir quelles sont les forces sur lesquelles bâtir son développement personnel. Et quelles sont les “faiblesses” qu’il est à peu près inutile d’essayer de combattre.
Pour trouver ces fondations, je suis passé par de nombreuses phases. J’ai tâtonné à l’aveugle dans ce monde immense de possibilités qui s’offrait à moi.
Au début, j’étais totalement perdu. Car il faut bien dire que d’une certaine manière, la découverte de son introversion chamboule les anciennes fondations de notre être : toutes les croyances avec lesquelles on a vécu durant des années sont anéanties, et laissent place à un grand vide. Et ce vide, au début, on ne sait pas encore comment le combler. Alors, c’est un peu angoissant.
On ne comble pas un abîme en quelques jours. Il faut procéder par étapes, tout doucement. Et c’est ce que j’ai fait, intuitivement.
Dans le prochain article, je vous raconterai les étapes par lesquelles je suis passé pour construire les nouvelles fondations de mon être, en harmonie avec mon introversion.