Elle est notre compagnonne de tous les jours. Elle nous suit de loin, se rapproche, s’éloigne de nouveau, puis vient nous piquer à l’endroit où ça fait mal.
Un doute ? Elle saute sur l’occasion et nous empoisonne par l’intérieur, pour nous pourrir le reste de la journée. Parfois plusieurs jours.
N’aurais-je pas dû me taire au lieu de sortir cette bêtise ?
Crédit photo : jenny downing, Flickr
Qu’est-ce que l’autre va bien pouvoir penser de moi, ma remarque était tellement maladroite ! Ah, si j’avais su trouver les bons mots lorsque Jérôme m’a traité de timide… j’étais comme figé, blême, rien n’est sorti. Et tous ces mots qui me sont venus à l’esprit ensuite, quand il était trop tard. L’envoyer paître. Lui dire que le silence vaut parfois mieux que la parole vide d’intérêt.
Cette petite voix qui nous suit, et nous pourrit la vie dès qu’elle en a l’occasion. Dès que nous avons un moment de faiblesse. Un regret, un doute.
J’aimerais tellement l’envoyer dans les choux cette petite voix. Et qu’elle ne revienne plus.
Elle n’est là que pour m’embêter, je le sais bien !
Je sais que j’ai le droit d’être qui je suis.
Je sais que j’ai le droit de ne pas parler quand je n’ai rien de spécial à dire.
Je sais que j’ai le droit d’être dans mes pensées et de rêver : la présence de l’autre n’est en aucun cas une obligation à l’échange.
Je sais que j’ai le droit de ne pas être parfait dans mes paroles. Les autres aussi disent des bêtises parfois. Souvent d’ailleurs.
Mais rien n’y fait. Cette petite voix me rattrape sans cesse pour mettre le doute. “Vraiment ? Es-tu sûr que tu es dans ton droit ? N’aurais-tu pas dû…”
J’ai envie de lui répondre “Assez ! Tais-toi ! Vas-t’en ! Tu ne m’apportes rien, que des ennuis.”
Mais elle reste.
Et j’ai compris qu’elle ne partirait jamais. Qu’elle serait toujours là, à mes côtés. Alors j’apprends à vivre avec elle. Je l’écoute un peu. Je la laisse parler. Je la laisse me faire un peu de mal, même. Mais elle reste là, à côté de moi.
Ce n’est plus qu’une compagnonne. Et je sais qu’elle n’est pas si importante, finalement, cette petite voix. Elle continuera pour toujours à m’accompagner dans mes déboires, mais ne m’atteindra plus au cœur.
Elle n’a plus cette emprise, qu’elle avait à ses débuts, quand je croyais qu’elle était si importante ! Quand je croyais qu’elle détenait toute la science de la vie.
Eh ben non, elle ne détient rien du tout cette petite voix. Elle ne détient aucune vérité. Juste une vérité qui n’est qu’un point de vue parmi tant d’autres. Un point de vue sans importance.
Non, cette petite voix qui déteste tant notre tempérament introverti, il ne faut pas la détester à son tour. Il ne faut pas la rejeter, car elle ne disparaîtra jamais totalement. Il faut accepter sa présence, et être critique envers elle. Car maintenant, vous savez que votre tempérament introverti comporte ses nombreuses qualités, et que cette petite voix n’a pas raison. Laissez-la dire ce qu’elle veut sur votre tempérament introverti, et vivez sereinement votre vie d’introverti !