Si vous avez cherché la définition du mot introverti sur Internet, vous avez probablement pu remarquer qu’il existe de nombreuses manières de décrire ce concept d’un article à l’autre, avec des différences très marquées. Difficile de s’y retrouver. Le mot introverti semble animer beaucoup d’émotions.
Entre les dictionnaires généralistes, les livres de psychologie spécialisés, l’inventeur lui-même du mot introverti (Carl Jung)… et puis l’usage commun du mot dans la langue, la signification que lui donnent les journalistes, les blogueurs, les Youtubers…
Chacun y va de sa petite définition d’une personne introvertie, qui parfois s’éloigne beaucoup de la véritable signification du mot introverti.
Le définition du mot introverti telle qu’on l’utilise aujourd’hui en français nous vient de Carl Jung, psychiatre suisse du début du vingtième siècle. Mais au fil des ans, il a souvent pris une connotation négative dans le langage courant. A tel point qu’on y associe souvent le fait d’être « asocial », « égocentrique », « refermé sur soi-même », « timide », « anxieux social », etc.
Or, si ces caractéristiques peuvent toucher certaines personnes introverties, qui ont perdu confiance en elles pour diverses raisons (très souvent, le fait de vivre dans une société très extravertie entraine une perte de confiance en soi pour les personnes introverties, qui se sentent rejetées, mal acceptées, et ont du mal à trouver leurs repères pour rester eux-mêmes, ne pas se forcer dans un rôle qui ne leur ressemble pas)… ces caractéristiques s’éloignent beaucoup de la signification réelle du mot introverti, et de l’idée même de l’inventeur de ce mot.
La vraie définition du mot introverti
Le mot introverti définit un trait de tempérament, et n’a aucune valeur négative ou positive. On est plus ou moins introverti ou extraverti, et cela n’a rien de mal ou de bien.
Il est bon de souligner également que les explications données dans les dictionnaires sérieux, si elles sont correctes, restent souvent très incomplètes.
Aujourd’hui donc, la plupart des spécialistes du sujet s’entendraient pour donner une définition du mot introverti qui ressemblerait à cela.
Qu’est-ce que l’introversion :
« Une personne introvertie puise son énergie essentiellement dans son monde intérieur. Elle a donc un besoin fondamental de solitude pour se ressourcer. Un besoin d’être en soi. Cela ne l’empêche pas d’avoir un besoin de vie sociale, au même titre que les extravertis. Mais les introvertis se satisfont plus facilement de solitude, et peuvent se fatiguer rapidement au contact des autres.
Par ailleurs, les personnes introverties ont une préférence pour le monde des pensées, plutôt que celui des signes extérieurs.
Enfin, les personnes introverties sont généralement des personnes calmes, discrètes, posées, rêveuses, réfléchies. »
Si vous vous découvrez introverti(e), cela peut vous ouvrir un nouveau monde. Un monde où vous vous autorisez enfin à être vous-même. Où vous pouvez enfin être à l’aise avec les autres, sans chercher à jouer un rôle. Où vous pouvez être apprécié(e) à votre juste valeur.
Comme nous allons le voir un peu plus bas, cette description reprend les différentes théories données au cours des âges, et représente à peu près l’état actuel de la signification de ce mot au sens large dans la langue française (et c’est bien-sûr celle que j’utilise sur ce site).
D’où vient la définition du mot introverti ?
Pour bien comprendre la définition du mot introverti, je vous propose un petit tour d’horizon historique.
En 1913, C. Jung définit le mot introverti dans son ouvrage les « Types psychologiques ».
Jung théorise ainsi toute une nomenclature de types de personnalités. Avec notamment le type extraverti et le type introverti.
Pour Jung, le type introverti se définit par une énergie orientée vers le monde intérieur de la personne. Il a l’intuition qu’une personne introvertie voit ainsi un objet, ou un événement, au travers de son interprétation subjective. Il a une préférence pour ses propres pensées, ses propres impressions. Il est hésitant dans ses relations sociales, hésitant face aux nouveautés, mais peut être transporté par son monde intérieur, par une passion qu’il a pour un sujet.
Les introvertis sont ainsi souvent des personnes calmes, rêveuses, réfléchies.
Si l’on revient à une période plus récentes, cette nomenclature de Jung est reprise et approfondie par les plus grands modèles de personnalité développés dans la seconde partie du XXe siècle : notamment le Big Five et le MBTI.
Dans ces 2 modèles, l’axe introversion – extraversion est l’un des grands piliers de la personnalité.
Dans le modèle du Big Five, c’est essentiellement l’orientation de l’énergie qui caractérise l’introversion : des personnes calmes, indépendantes, qui ont besoin de moins de stimulation que les extravertis et de temps seul pour se ressourcer.
Dans le modèle du MBTI, l’introversion est également définie par un besoin de temps avec soi-même pour se ressourcer, dans ses pensées, en soi. Les introvertis réfléchissent avant d’agir, aiment les relations profondes, et préfère réfléchir seul aux problèmes qu’en parler avec les autres.
Avançons encore un peu dans le temps.
Récemment, un nouvel intérêt est né pour les types de personnalité. Il y a une demande des nouvelles générations de mieux comprendre son propre fonctionnement, de mieux communiquer… de mieux respecter son tempérament profond, et ainsi mieux s’épanouir.
Ainsi, dans les années 2000 et 2010 sont nés plusieurs ouvrages qui ont créé de mini-révolutions dans la perception du tempérament introverti dans la société occidentale qui a généralement une large préférence pour les valeurs extraverties (socialiser, voir plein de gens, avoir plein d’activités, parler et répondre rapidement, etc).
Ainsi, Marti Olsen Laney, dans son livre Introverti et Heureux (2005, Les éditions de l’Homme), définit l’introversion ainsi :
« L’introversion est au départ une forme de tempérament. Elle n’est pas synonyme de timidité ou de réserve. Elle n’est pas non plus pathologique. Ce n’est pas un trait de caractère que l’on peut modifier. Mais on peut en tirer profit au lieu de lutter contre elle. […] Ce qui distingue principalement les introvertis du reste des mortels, c’est leur source d’énergie. En effet, il tirent leur énergie du monde intérieur des idées, des émotions et des impressions. […] Ils souffrent très vite d’un excès de stimulation et éprouvent facilement un sentiment de trop-plein. »
Toujours selon Marti Olsen Laney, si cette notion d’énergie est la principale caractéristiques des introvertis, il faut également prendre en compte 2 autres notions dans la définition d’introverti : les introvertis ont tendance à se replier sur eux-mêmes lorsqu’il sont trop soumis à des stimulis extérieurs, et les introvertis préfèrent approfondir leurs connaissances et expériences plutôt que de « tout apprendre » et « tout vivre ».
Quelques années plus tard, un ouvrage a eu un retentissement planétaire : celui de Susan Cain, La force des discrets (Editions Jean-Claude Lattès, 2013).
Je ne vais pas reprendre en détails cet ouvrage (vous trouverez sur ce blog quelques articles détaillant ce livre). L’auteur reprend en grande partie les concepts présentés précédemment.
Mais elle va plus loin, et soumet une idée à la fois provocatrice et qui, à la fois, parlera à l’écrasante majorité des introvertis : les introvertis sont des « penseurs ».
Un nouvel horizon de possibilités s’ouvre à nous : être introverti n’est plus associé à timide, égocentrique, mais à un profil de penseur, calme, réfléchi…
Une autre notion intéressante, soumise par Laurie Hawkes dans son livre « La force des introvertis » (paru chez Eyrolles en 2013), est le fait que cette propension au monde intérieur n’est pas réservée à son propre monde. Les introvertis aiment le monde intérieur des autres également : ce qui en fait souvent des personnes empathiques, profondes, qui aiment discuter des heures sur des sujets approfondis plutôt que de sauter du coq à l’âne. Ils ont une forte capacité d’introspection : se comprendre soi-même, comprendre les autres, comprendre le sens des choses. Ce sont souvent des personnes qui aiment les nuances de gris, et qui sont méfiants à l’égard des simplifications et des clichés.
De nombreuses autres propositions intéressantes sont développées par ces diverses auteurs autour de la définition d’introverti : sur la façon de socialiser par exemple (une préférence pour les petits groupes, pour quelques relations intenses plutôt que de nombreux amis, etc).
Ce qu’il est important également de noter, est qu’il ne s’agit nullement de « catégoriser » les humains.
Tous les auteurs et toutes les définitions insistent bien sur ce point : il n’y a pas une catégorie d’Etres Humains introvertis, et d’Etres Humains extravertis.
L’introversion est une manière de comprendre l’Humain.
Chacun a une propension plus ou moins forte vers l’introversion ou l’extraversion, et peut mieux comprendre ses propres besoins en comprenant mieux cette orientation.
Ce qu’il y a magique, quand on s’intéresse de près à la vraie définition du mot introverti, et que l’on dépasse les clichés et les mauvaises interprétations vues à droite à gauche, c’est que cela ouvre un champ tout nouveau de possibilités.
On peut être une personne réfléchie, un penseur, un calme avec de très bons amis, quelqu’un d’empathique, à l’écoute, quelqu’un d’apprécié pour ce qu’il est, et avec de très bonnes capacités à vivre heureux, en harmonie avec soi-même.
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Et pour aller plus loin, cet article détaillant le parcours typique d’une personnalité introvertie pourrait vous intéresser, ou cet article je suis hypersensible.
