La force des introvertis – Laurie Hawkes

J’ai eu le grand plaisir de rencontrer Laurie Hawkes, psychologue et auteur du livre La force des introvertis.

Laurie Hawkes est auteur également de nombreux ouvrages, et a participé également à plusieurs émissions sur les introvertis, notamment à celle de la RTS “Je suis introverti et ça me réussit”

Dans cet entretien, Laurie Hawkes nous aide à mieux comprendre qui sont les introvertis, quelles sont leurs qualités, mais aussi leurs problèmes les plus fréquents. Elle nous explique également ce qui est vraiment important à prendre en compte quand on est introverti, pour vivre plus heureux, avoir plus confiance en soi.

(REMARQUE : la session de questions-réponses avec Laurie Hawkes est maintenant close. Pour voir toutes les réponses rendez-vous dans les commentaires en bas de l’article.) 

Vous trouverez également sous la vidéo la retranscription texte de cet interview.

Retrouvez également Laurie Hawkes sur son site web : Laurie Hawkes.com, ou sur sa page Facebook.

Remarque : vous pouvez vous procurer le livre “La force des introvertis” de Laurie Hawkes en cliquant ici : La force des introvertis : De l’avantage d’être sage dans un monde survolté

 

Texte de l’entretien avec Laurie Hawkes, auteur du livre La force des introvertis

Julien Prest :
Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo du blog Un monde pour les introvertis ! Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir Laurie Hawkes.

Laurie Hawkes :
Hi !

Julien :
Donc Laurie Hawkes est, entre autres, l’auteur du livre La force des introvertis : De l’avantage d’être sage dans un monde survolté.
Alors pour commencer, pourriez-vous vous présenter un peu, votre parcours…

Laurie Hawkes :
Oui ! Alors je suis une Américaine de naissance, mais je vis en France depuis l’âge de 6 ans. Je n’ai pas étudié “psycho” tout de suite, j’ai commencé par d’autres choses : une tentative en médecine, et puis des études d’anglais (c’était simple !). Et après je me suis dit : “bon vraiment, je vais faire quelque chose où je peux m’occuper des gens”. Et donc, comme j’avais suivi une psychothérapie, et que je trouvais ça très important, je suis devenue psychologue, psychothérapeute. J’utilise essentiellement l’analyse transactionnelle, mais avec aussi d’autres choses que j’ai pu étudier, comme la Gestalt, le travail corporel, où je fais peut-être une version assez light (pas le grand machin où on se bat, et tout ça…)

Julien :
Le travail corporel c’est…

Laurie Hawkes :
Le travail corporel : il y a des choses comme l’analyse reichienne, celle qui a été développée par Lowen, c’était vraiment la bio énergie avec les positions de stress, les gens qui tiennent longtemps dans une position difficile, se mettent à trembler… c’est intéressant aussi, mais je ne suis pas suffisamment formée là-dedans. Pour moi le travail corporel, c’est plutôt : prendre conscience de ce qui se passe à l’intérieur de soi. A la fois les pensées que l’on a et les émotions qui vont avec. Et les émotions, souvent, on les repère par le corps. “Je sens que ça se contracte, je sens une envie de frapper, j’ai envie de bouger, je ne tiens pas en place”… de prêter attention à ça, parce que souvent les gens restent dans leur tête.
Et ça, d’ailleurs, c’est intéressant : est-ce que les introvertis sont plus dans leur tête que les autres ? Dans le stéréotype, je pense que oui ! On pense à l’introverti : c’est le cérébral, il ne fait que de penser, il n’exprime aucune émotion… Et ce que j’aime avec la nouvelle vision des introvertis, c’est que l’on élargit beaucoup cette vision. Dans le modèle MBTI, par exemple, quand on a le F au lieu du T (on est donc dans “feeling”), on a des introvertis qui peuvent être extrêmement émotifs, sensibles…
Moi je suis une “introvertie animée” !

Julien Prest:
Oui, dans les divers livres qu’on peut lire, c’est pas comme ça que les introvertis sont présentés en majorité…

Laurie Hawkes – La force des introvertis :

Oui… je pense que nul ne détient la vérité. Je dois dire que pendant que je faisais ce livre La force des introvertis, à plusieurs reprises, j’ai failli désespérer ! Parce que je me disais, à force : “mais je ne sais plus ce que c’est qu’un introverti !”. Finalement c’est pour ça que je suis arrivée à la fin avec “regardons l’introverti qui est en nous !”.
J’entendais à la radio, il y a quelques semaines, Stéphane Plaza. Vous voyez le gars, il fait ses trucs à la télé, pour moi c’est presque le stéréotype de l’extraverti. Et il racontait : “de plus en plus, j’ai vraiment besoin de temps où je m’isole, où suis tranquille tout seul. Alors je me suis dit “Ah ! Il découvre son introverti !”. Et je crois que même un extraverti, quand il vit en permanence avec l’extérieur, avec les autres, il vient un moment où son petit introverti qui ne demande pas grand chose, il dit “je suis là quand même ! Il faut me donner un peu d’air ! Faut que je puisse rester un peu seul”. Mais plus on a un gros introverti en soi, plus on a besoin de ce temps seul.
Et finalement, pour moi, le principal critère est : est-ce qu’on a besoin de se reconstituer dans la solitude une fois qu’on a vu des gens ?

Julien :
Oui. Où est-ce qu’on a gagné de l’énergie en étant au contact des autres.

Laurie Hawkes :
(rires) “Encore ! Encore !”
On les voit les extravertis, hein : “ouais on a fait la fête ! Oh, on va pas rentrer maintenant, il est que trois heures du matin !”.
Moi c’est : “Ooouh, on atteint minuit… j’en peux plus…”

Julien :
(rires) “J’ai donné tout ce que j’avais…”

Laurie Hawkes :
(rires) Et minuit, c’est exceptionnel !

Julien :
Non, c’est vrai que moi, quand j’ai réalisé ça, ça a été vraiment un soulagement ! Parce que j’avais l’impression d’être toujours fatigué dans les soirées avec les amis, et je ne comprenais pas…

Laurie Hawkes :
Oui, on a l’impression qu’on est un peu malade. Qu’est-ce qui va pas avec moi ? Pourquoi je n’arrive pas à être comme les autres : plein d’entrain, avoir envie d’en faire toujours plus, d’occuper le centre de la scène tout le temps… et non, on est pas tous comme ça. Heureusement d’ailleurs !

Julien :
Alors justement, vous vous présentez comme introvertie…

Laurie Hawkes :
Introvertie avec un “extravertie” qui n’est pas minuscule.

Julien :
D’accord… et comment avez-vous découvert ça, et qu’est-ce que cela vous a apporté dans la vie ? Est-ce que ça vous a soulagé ?

Laurie Hawkes – la force des introvertis :

Soulagé ! Ça, c’est le mot ! Donc le premier soulagement est venu il y a environ 25 ans quand j’ai fait un test, avec une certaine grille d’analyse, qui me montrait que j’avais une part extravertie et une part introvertie. Et que donc il était naturel que j’ai besoin de temps seul. Donc comme vous venez de le dire, c’était tellement énorme pour moi de voir : “ah, c’est pas signe de maladie, d’avoir besoin d’être tout seul !”.
A l’époque, en plus, j’étais interprète dans des séminaires de formation, et je trouve ça très fatiguant ! J’aime bien faire ça, mais c’est très fatiguant…

Julien :
Le job idéal de l’introverti ! 😉

Laurie Hawkes :
(rires) Oui ! Je connais des gens qui peuvent interpréter des séminaires de formation, et pendant les pauses ils viennent discuter avec les gens ! Et moi je me trouvais un peu sauvage, pas très sociable, parce qu’au moment de la pause c’était : “Où est le petit coin où je peux me mettre ?”. Ce séminaire se passait dans un endroit où j’avais une chambre, donc je pouvais aller dîner dans ma chambre… si je pouvais, j’aller attraper une tasse de thé avant, mais entre la tasse de thé et la solitude je préférais la solitude !
Et, le fait que l’on me dise : “c’est OK, c’est comme ça que tu es faite, tu as juste besoin de ça”, c’était énorme.
Bon, après, je n’y ai plus énormément réfléchi. Mais de temps en temps quand je culpabilisais un peu d’avoir ce besoin, je me disais que c’est comme ça que je suis faite, c’est tout ! J’ai beaucoup de collègues psychothérapeutes qui ont envie qu’on puisse déjeuner ensemble en semaine. Et moi, en général je ne peux pas, sauf si je sais que j’ai beaucoup de temps après le déjeuner pour être seule avant d’avoir d’autres rendez-vous l’après-midi.

Julien :
Oui, parce que vous avez quand même un métier, où vous êtes au contact de personnes toute la journée !

Laurie Hawkes :
Oui, en général pas des grands groupes… Mais les jours où j’ai un groupe, je me réveille le matin en me disant “ah, j’ai un groupe aujourd’hui…”. Alors ce n’est pas horrible, mais c’est… un petit stress quand même.
Alors que si je me réveille le matin et que je me dis : “j’ai des rendez-vous individuels aujourd’hui, et je n’ai rien au déjeuner, j’ai mon temps seul…” eh bien là c’est bien ! Parce qu’au fond, ce que disent pratiquement tous les auteurs, et je suis assez d’accord, c’est qu’un introverti aime bien le temps à deux. Discuter à deux, c’est bien. Bon, pas tout le temps ! Il faut quand même être tout seul aussi. Mais ce n’est pas stressant de discuter à deux.
Si, pour cette vidéo, aujourd’hui, il y avait cinquante personnes qui nous écoutaient et qui nous posaient plein de questions, je serais beaucoup moins détendue ! (rire)

Julien :
Oui ! Même si…

Laurie Hawkes :
Oui, c’est vrai que cette vidéo symbolise un public, mais… peut-être d’ailleurs que ce ne sera qu’une seule personne à la fois qui regardera votre blog. Donc, ils discuteront avec un personnage…

Julien :
Et donc après, c’est récemment que vous avez eu l’idée d’écrire ce livre La force des introvertis…

Laurie Hawkes :
Oui, et c’est vrai que j’ai un peu suivi la vague des livres. Je sais pas si j’y aurais pensé sinon, mais…

Julien :
Oui ? parce que vous l’avez écrit après…

Laurie Hawkes :
Oui après Quiet… (La force des discrets – de Susan Cain), je venais de le lire. Et en lisant ça, je me suis dit que ce serait bien qu’il y ait un livre, fait en français, par quelqu’un de français, qui connait la culture française.

Julien :
Oui. Ça c’est vraiment super, parce que dans le livre de Susan Cain, c’est quand même très américain !

Laurie Hawkes – auteur du livre La force des introvertis :
Oui, j’avais envie de prendre un peu de recul avec ça, avec des exemples français… même si j’ai beaucoup parlé du président Obama ! Parce que d’une part, je l’admire beaucoup ! Et puis je trouve que c’est vraiment un exemple intéressant, cet homme qui a tellement de charisme, et qui est en même temps clairement introverti ! Alors ça ne saute pas aux yeux des gens. D’ailleurs, je n’y avais pas pensé avant : je ne me disais pas “ah enfin un président introverti !”. Mais je me suis dit : “ah enfin on a un bon président qui est calme, qui est posé, et qui en même temps, visiblement a de la joie de vivre, a de l’intimité avec sa femme, etc…”.
Mais après, quand je lisais des articles où on lui reprochait de ne pas vouloir déjeuner avec Bill Clinton, de préférer inviter un philosophe une fois de temps en temps, plutôt que d’avoir Bill… qui euh “ouaaais ! Saaalut !”. C’était pas sa tasse de thé ! Je ne pense pas qu’il le déteste, mais ce n’était pas reposant pour lui. Donc ça c’est l’exemple américain que j’ai pris. Mais sinon je crois que j’ai essentiellement des exemples français…
Et malheureusement, comme on en a parlé tout à l’heure, dans les grandes écoles en France, maintenant, il y a aussi cette culture de la personne qui sait se mettre en avant, qui sait comment se vendre… et oui, c’est une qualité, mais ce n’est pas la seule qualité !
Et j’espère que mon livre La force des introvertis contribuera au moins un peu à ce que les gens revendiquent leurs qualités d’introverti, parce qu’elles sont profondes et importantes !

Julien :
Et… vous avez eu l’impression après, quand le livre “La force des introvertis” est sorti, il y a eu des retours ? Vous avez l’impression que ça a marqué un peu les esprits en France ?

Laurie Hawkes :
Je pense un peu. Mais je ne peux pas dire que j’ai été submergée par des emails de gens me disant que c’était formidable… j’ai fait une page Facebook où de temps en temps quelqu’un vient ajouter un commentaire et j’aime bien quand il y a des commentaires ;). Et de temps des gens cherchent mon nom, trouvent mon site, et m’envoient un petit mail pour me dire que cela leur a plu… Mais je ne suis pas devenue l’idole du monde psy ! (rires) Qui a libéré les introvertis ! (rires)

Julien :
Et vous, vous avez l’impression… Donc parce qu’on parlait de l’Amérique du Nord… je m’intéresse un peu à ce qui se passe là-bas, c’est quand même assez fou ! Il y a énormément de gens qui parlent d’introversion et d’extraversion ! C’est le livre de Susan Cain qui a lancé ça, mais maintenant le nombre de blogs qui existent sur le thème, de psychologues qui en parlent et qui se spécialisent là-dedans…

Laurie Hawkes :
Oui, le retour de balancier est énorme !

Julien :
Et en France pas trop. Donc je me demandais s’il y a des raisons culturelles : la culture extravertie est tellement énorme qu’il y a eu un besoin pour les introvertis de rebalancer un peu ? Ils appellent ça “Quiet Revolution” !
Ou est-ce que c’est parce que les modes arrivent plus tard en France ? Ou…

Laurie Hawkes :
En fait, j’aimerais avoir la réponse à cette question. Mon hypothèse est quand même votre première hypothèse. C’est vrai que l’introversion a été encore plus idéalisée, idolâtrée aux Etats-Unis, donc le retour de bâton est encore plus fort. Et puis, peut-être qu’ils sont un peu portés aux extrêmes… même quand on voit le climat : il fait plus chaud et plus froid !
Mais c’est vrai que je trouve ça un peu dommage quand même qu’il y ait presque une guerre. Moi dans le livre j’avais envie que les gens puissent voir les deux parties en eux, et voir comment elles se complètent en eux. Et que du coup le monde voit un peu aussi le côté Yin Yang, et qu’on a besoin des deux. Simplement il n’y a pas un meilleur côté que l’autre. Parce quelque fois, dans la tonalité des “blogs introvertis” aux Etats-Unis, il y a un côté comme si les extravertis c’étaient tous des imbéciles qui foncent partout sans regarder… et c’est un peu excessif aussi !

Julien :
Moi j’ai un peu l’impression quand même que… c’est important quand même d’en parler, que ça soulage…

Laurie Hawkes :
Oui, ça pour ça, je trouve ça important. Donc un blog par exemple, que les gens puissent aller sur Internet et voir qu’il y a un endroit où on parle de ça, qu’ils aient tout de suite un endroit où ils puissent se “dé-pathologiser”, c’est tellement important !
Même avec mes patients qui viennent : souvent, depuis que je m’intéresse spécialement à ce thème, il m’est arrivé de me dire “mais son principal problème, c’est de s’accepter comme introverti !”.
Mais cela ne va pas si vite que ça ! Quand je le dis, il y a un certains nombre de gens, qui au lieu de dire “Ah, c’est juste ça, ah bon d’accord !”, disent “Ah non ! Ne me dites pas ça ! Je ne veux surtout pas être introverti ! Je ne veux pas être de ces gens là”. Donc il y a presque de la pédagogie à faire, même en séance de thérapie, pour dire que c’est bien d’être introverti ! Ce n’est pas une maladie, ce n’est pas une tare… ce n’est pas un manque ! C’est un tempérament. Il n’est pas du tout moins bien.
A mes yeux… mais je tombe dans le travers des blogs américains : j’allais dire que ce tempérament est même mieux !” Mais moi je me sens généralement plus à l’aise avec des gens introvertis qui ne m’envahissent pas. Je trouve que certaines personnes extraverties sont un peu envahissantes, elles empiètent sur mon territoire. Et elle me disent que je donne moins… elles, elles donnent beaucoup ! Elles donnent, donnent donnent… c’est très envahissant pour nous autres introvertis, cette façon de donner.
C’est bien que eux puissent nous montrer comment être plus spontané, et que nous puissions leur montrer comment être plus retenus.

Julien :
Et est-ce que vous pensez que c’est un thème connu en France, des professionnels : psychologues, enseignants…

Laurie Hawkes :
Pas beaucoup, j’ai l’impression. C’est un mot qui circule de temps en temps, mais comme je le vois par exemple dans le commentaire d’un enseignant, souvent c’est plutôt péjoratif. Le côté : “oui, cet enfant il est quand même très introverti !”, genre il faudrait changer ça.
Et les praticiens de santé, les psy, j’ai l’impression que souvent il y a cette espèce de norme, à laquelle je m’assujettissais aussi autrefois. Un côté : “ah vous êtes introverti ? Eh bien on va vous aider à devenir plus extraverti !”
Alors je trouve que c’est bien pour tout le monde d’ouvrir sa palette, et de pouvoir “s’extravertir” de temps en temps. Mais pas de dire : “l’objectif de notre travail, c’est que vous deveniez extraverti”. D’abord parce que c’est voué à l’échec. Ou bien, si la personne y arrive, à quel prix ? Cela veut dire qu’elle sera en train d’aller constamment contre sa nature.
Je pense que c’est important que les psys en prennent conscience comme étant une caractéristique qui est vraiment à respecter, et qu’une partie de la thérapie, c’est vraiment apprendre à la personne à prendre en compte ses besoins d’introverti. De les respecter, et ne pas les pathologiser. Ne pas laisser quelqu’un d’autre les étiqueter comme négatifs. C’est largement aussi important que de pouvoir développer quelques compétences extraverties.
Parce que je repense à une personne (dont je pense que je parle dans le livre), qui était enseignante et qui avait trois enfants. Je trouvais ça vraiment lourd pour elle ! Donc elle s’aménageait des choses : elle adorait jardiner… beaucoup d’introvertis aiment jardiner… mais on peut avoir autre chose, je ne sais pas comme aimer tricoter. J’en ai une qui adore faire du patchwork : de passer des heures à coudre toute seule…
Mais si on a quelque chose que l’on peut faire tout seul… pour ne pas juste dire qu’on veut être toute seule, c’est bien. Parce que sinon on reçoit les questions “pourquoi ? Tu veux pas être avec la famille ? Qu’est-ce que tu as ?” Alors que si c’est une activité qui est normale à faire en solitaire, les gens respectent plus facilement. Même ce premier modèle que j’avais appris il y a vingt-cinq ans : ils avaient aussi un modèle de thérapie de couple, et dans les exemples qu’ils montraient il y avait Monsieur que je vais appeler “Extraverti” (c’était un autre nom) et “Madame introvertie”, et Monsieur Extraverti était tout le temps à solliciter. Ils avaient mis au point que dans leur propriété, quand elle allait dans le petit kiosque dans le jardin, c’était signe que “j’ai besoin de mon temps toute seule”, et Monsieur apprenait à interpréter ça comme juste un besoin d’être seule et non pas “elle ne m’aime plus, elle me rejette, elle me déteste…”. Et c’est cela qu’il faut vraiment faire comprendre aux gens.

Julien :
Donc, j’imagine que vous rencontrez beaucoup d’introvertis dans votre profession… peut-être à part égale avec les extravertis, d’ailleurs. Est-ce qu’il y a des tendances générales qui se dégagent des grands problèmes qu’ils rencontrent, et qu’est-ce que vous leur conseillez ?

Laurie Hawkes :
C’est vrai qu’il y a une sorte de corrélation avec certains types de problèmes. Il y a des problèmes d’anxiété sociale par exemple. Pas chez tous ! Mais certains ont du mal à se faire des amis ou à sortir. Pas mal de gens ont du mal à s’affirmer au travail : à prendre sa place, se faire entendre… ce fameux syndrome de “moi quand je prends la parole en réunion, on ne m’entend pas, et l’autre gars d’à côté répète mon idée et c’est lui que l’on écoute, c’est lui qui a le crédit de mon idée…” C’est énervant !
Ou plus souvent : “j’avais eu une bonne idée, je l’ai pensée mais je ne l’ai pas dite”. Et du coup c’est quelqu’un d’autre qui a eu toute la reconnaissance. Ca c’est des choses assez fréquentes.
Et puis quand même, pas mal les problèmes de couple. Parce que très souvent, quand même, on se met avec son complément. Et l’introverti avec un extraverti, ça m’est arrivé moi-même, et je trouve que c’est très compliqué… c’est à la fois enrichissant, on le voit dans le livre de Marti Olsen Laney (“Introverti et heureux” – Marti Olsen Laney) avec son mari : eux ils ont trouvé un modus vivendi, mais qui n’est quand même pas facile tout le temps ! Quand elle décrit qu’ils partaient en vacances : il respecte qu’elle a besoin de passer du temps dans la chambre toute seule, mais lui a quant même besoin qu’elle vienne explorer un peu avec mui… chacun doit faire des concessions et lâcher des choses.
Alors quand on arrive à en discuter comme cela, à négocier et à faire tous les deux des concessions, c’est bien. Cela aide chacun à développer la compétence de l’autre type. Mais assez souvent, dans les couples, l’extraverti pense que c’est lui qui est normal. Et l’introverti est un peu d’accord que c’est lui qui n’est pas normal ! Et du coup on a un couple avec une personne qui est étiquetée comme moins bien, pas sociable, pas sympa, égoïste, fermée, alors que l’autre personne est chaleureuse, ouverte, charismatique, généreuse… donc ce n’est pas très valorisant pour l’introverti. Et du coup, mon travail, dans ce cas-là, c’est vraiment d’aider la personne à se revaloriser, à voir que ce n’est pas du tout mauvais d’être comme elle est. Et qu’elle a besoin de le faire comprendre aux autres gens.
La personne dont je vous parlais qui était à la fois enseignante avec des enfants, un de ses plus gros soucis venait du fait qu’elle venait en plus d’une grande famille, où il y avait plein de frères et sœurs, et elle était curieusement la seule introvertie ! On se dit : “tiens, pour la génétique on voit pas très bien comment ça marche !” Mais elle était bien introvertie, ça se voyait. Cela ne se voit pas toujours, chez moi on ne le voit pas en général. Mais souvent il y a une espèce de calme dans les yeux, pour beaucoup d’introvertis. Elle avait ce côté là. Et son mari était introverti également. Bon le couple au moins n’était pas stressant, ils étaient bien ensemble. Mais sa famille à elle, avec tous les enfants, organisait régulièrement de grandes fêtes, avec tous les conjoints. Il venait 35 personnes, et on devait faire la fête tard. Et elle savait qu’elle avait besoin d’économiser ses ressources pour pouvoir enseigner. Elle leur disait donc : “moi je veux bien venir, mais uniquement aux vacances scolaires…”. Mais la famille prenait ça assez mal ! “Mais il faudrait que tu te soignes ! Mais quand même : t’es en thérapie ? T’es encore comme ça ?” (rires). Mais non : ça, ça ne va pas changer ! Ce n’est pas une maladie !
Donc c’est ça qui est difficile. Et ce qui est important, c’est d’arriver à faire comprendre aux autres qu’on est comme ça. Donc ça peut être le but d’un livre, ou d’un blog comme le vôtre, quelque chose qu’on peut montrer aux autres : “tiens, lis ça ! Tu vas voir, il y a d’autres gens qui savent que je ne suis pas malade !”.

Julien :
Oui, parce que ce n’est pas facile à expliquer non plus, quand tout le monde est extraverti…

Laurie Hawkes :
Oui, il y a une sorte de consensus sur l’extraversion

Julien :
On a un peu honte au départ, peut-être ?

Laurie Hawkes :
Oui, et puis on a l’air de prêcher pour sa paroisse ! “Ah ben oui, tu dis que tu n’es pas malade ! Moi aussi je dis que je suis pas malade…”

Julien :
C’est vrai que c’est bien d’avoir un livre comme le vôtre, La force des introvertis, que l’on peut montrer !

Laurie Hawkes :
Oui, “Vu à la télé !” 🙂

Julien :
Alors, on approche de la fin ! Si vous aviez UN conseil à donner à tous les introvertis qui nous écoutent, quel serait-il ?

Laurie Hawkes :
Si je ne peux me cantonner qu’à un seul, ce serait : aimez vous !
J’ai tendance à en donner plusieurs à la fois, c’est à dire : acceptez-vous, et apprenez d’autres choses !
Parce que cela va un peu de pair. Le risque étant avec tous ces blogs d’introvertis, de dire : “je suis introverti, et c’est mon droit de ne parler à personne !”. De ne pas vouloir bouger, du coup. Or, on a tous besoin de bouger ! On a tous besoin d’évoluer. Les extravertis ont besoin de développer leur introverti intérieur. Et nous aussi, on a besoin de développer notre extraverti qui est en nous. Même si c’est un personnage inférieur chez les personnes plutôt introverties, mais on en a besoin un peu aussi.
Mais enfin, le premier, s’il fallait un seul conseil, c’est : aimez-vous ! Acceptez-vous et aimez-vous.
Parce que tant que l’on se contente de se critiquer et de se taper dessus, ça ne va pas ! On se dit juste : “il faut que j’y arrive, il faut que j’y arrive !”, mais on se sent mal tout le temps. On se sent insuffisant, on ne se sent pas à la hauteur… et on ne peut pas bien vivre comme ça !

Aimez-vous !

Julien :
Ouaou, super, merci !

Laurie Hawkes :
Merci à vous !

Julien :
Alors, un grand merci, vraiment, d’avoir accepté cet entretien !

Laurie Hawkes :
Merci Julien, je suis très honorée d’être accueillie sur votre blog !

Julien :
Alors, si vous n’avez pas encore lu le livre de Laurie Hawkes, La force des introvertis, je vous incite vraiment à le lire, c’est un excellent livre ! Comme on en parlait tout à l’heure, c’est le seul livre qui parle de la France…

Laurie Hawkes :
Oui, c’est le seul livre qui ne soit pas une traduction !

Julien :
Et c’est vrai que j’aime bien que c’est à la fois écrit pas une psychologue, on le sent dans le livre, et puis que ça se lit très bien, avec plein de petits exemples… c’est relativement court, il ne fait que 160 pages… Vous trouverez donc le lien en-dessous de la vidéo, vous pourrez le commander !

Laurie Hawkes :
Au-revoir !

 

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Julien Prest est blogueur, conférencier, formateur, spécialiste de l’introversion. 
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