Existe-t-il des métiers plus adaptés que d’autres pour les introvertis ? Il est vrai que quand on a une personnalité introvertie, il peut être difficile de s’épanouir dans un environnement professionnel classique.
Par définition, en tant qu’introverti, on se ressource dans le calme, dans la solitude. Les environnements bruyants et avec beaucoup de rencontres et de collègues peuvent être épuisants.
Dès lors, peut-on être heureux en tant qu’introverti dans tout type d’emploi ? Ou existe-t-il des métiers plus appropriés que d’autres ? C’est ce que l’on va voir dans cet article.
Votre métier est-il adapté à votre tempérament introverti ?
Quand on découvre que l’on est introverti, la question du métier vient souvent très rapidement.
En effet, avant de prendre conscience de son introversion, on s’adapte généralement tant bien que mal au quotidien professionnel, sans trop y réfléchir. On subit, ou on s’adapte plus ou moins à des journées professionnelles qui ne nous correspondent qu’à moitié.
Certains jours, on ne se sent pas très bien dans notre travail.
D’autres jours, ça va mieux. On courbe le dos, et on essaie de s’adapter. De jouer un rôle : le rôle que l’on attend de nous dans notre profession. Ce rôle gai, sociable, bavard, enthousiaste qui est souvent attendu des employés.
On essaie tant bien que mal de prendre la parole dans les réunions, et de participer à toutes les rencontres informelles entre collègues, soucieux de soigner notre réputation, et notre carrière. Car c’est bien connu : pour avoir une belle carrière, il faut être visible dans son travail, entretenir les relations avec le plus de collègues possibles, parler de ses projets, etc…
Et puis, un jour, on découvre que l’on est introverti.
Le monde s’éclaire alors sous un nouveau jour : on comprend qu’on a des besoins spécifiques. Des besoins de calme. Des besoins de travail solitaire et silencieux pour se concentrer et se ressourcer.
On découvre que l’on aime socialiser différemment des autres : en plus petit comité, des liens moins nombreux mais plus profonds, plus riches.
On découvre que vivre avec du bruit permanent autour de soi est compliqué quand on est introverti : c’est épuisant pour notre nature introvertie.
On comprend aussi que les réunions permanentes, avec la pression de devoir prendre la parole, improviser, parler de ses projets, se concentrer sur des conversations croisées entre les beaux parleurs du groupe, etc… tout cela est tout à fait épuisant.
En réalité : le rythme de beaucoup d’entreprises est organisé par et pour les extravertis.
Et pour couronner le tout, on s’aperçoit que l’on joue un rôle dans son quotidien professionnel.
Un rôle de personne qui essaie d’être plus extravertie qu’elle ne l’est véritablement. En se forçant à rire avec les autres dans l’open-space, à venir à toutes les réunions, à venir à tous les déjeuners avec les collègues, à toutes les pauses café, à tous les after work, etc.
Et on se rend compte que cela fait un bien fou de s’autoriser à être soi ! A moins se plier aux règles collectives, à suivre un peu plus ses envies et ses intuitions, et ses besoins particuliers en tant qu’introverti.
Et soudainement, notre profession nous apparaît sous un tout nouveau jour.
On sent qu’il faudrait changer certaines choses, pour y être plus épanoui.
Par exemple : changer un peu le rythme, avoir plus de temps solitaire, moins jouer un rôle extraverti, etc…
Mais quand on commence dans cette voie, on se heurte souvent très rapidement aux premières difficultés : en effet les autres ne l’entendent pas toujours de la même manière.
L’attente est toujours là.
On vous reproche de ne pas être assez visible, de ne pas assez participer à la vie collective de l’entreprise, ou de l’environnement professionnel dans lequel vous travaillez. Souvent, cela rend presque aveugles vos supérieurs aux compétences que vous avez par ailleurs : ils oublient que vous êtes parfaitement soucieux de votre travail, consciencieux, que vous êtes un élément important de leur équipe, et ne finissent par se focaliser que sur votre “trop grande discrétion”, sur votre soi-disant timidité, sur l’importance que vous soyez plus visible, plus sociable, en fait… plus extraverti.
Alors vient la question toute naturelle de savoir si cet emploi est vraiment fait pour nous. Si nous pouvons réellement nous épanouir dans cette carrière que nous avons choisie, maintenant que nous savons que nous avons des besoins bien particuliers, de calme, de solitude, de concentration… et que l’on se rend bien compte qu’il est difficile de convaincre les autres que notre manière de voir les choses est la bonne.
Vient alors la question toute naturelle : n’y aurait-il pas, par hasard, des métiers plus adaptés aux introvertis, que celui dans lequel vous évoluez actuellement ?
Qu’est-ce qu’un métier pour introverti ?
Je me souviens d’un client qui me posait justement cette question : “comment trouver l’emploi parfait quand on est très introverti ?”. Ma première réaction fut, évidemment, de lui demander s’il avait exploré des pistes de métier solitaire. Pour pouvoir travailler de chez lui. Un métier pour introverti comme : entrepreneur indépendant sur Internet, écrivain, consultant indépendant, père au foyer, etc. D’ailleurs, beaucoup d’introvertis ont une personnalité d’entrepreneur, aimant travailler de manière indépendante avec une vision et une analyse complexe des enjeux.
Quelle fût sa réponse ? “Non, je crois que j’ai besoin de faire partie d’une équipe. De sentir que ça vit autour de moi. Je pense que mon tempérament introverti ne m’empêche pas d’avoir un réel besoin de contacts sociaux”.
Evidemment.
En fait, la question du métier idéal pour introverti peut paraît simple au premier abord… mais elle ne l’est pas.
Selon les études, entre 20% et 50% de la population est introvertie : derrière le terme introverti se cache donc une forêt de personnalités variées, avec des parcours et des envies extrêment différents d’une personne à l’autre.
Certaines personnes introverties adoreront passer le plus clair de leur temps seul, et choisir leurs moments où ils iront au contact des autres. D’autres au contraire auront besoin de plus de contacts, tout en faisant attention à ne pas s’épuiser socialement dans leur quotidien.
D’ailleurs, on trouve des introvertis un peu dans tous les types d’emplois. Même très “exposés” : commerciaux, hauts managers en réunion toute la journée, travail social, restauration, vendeurs en boutique, etc. On trouve aussi des personnes extraverties dans des métiers “à priori” plutôt introvertis, comme : écrivain, analyste, indépendant travaillant de chez soi, et ces personnes peuvent être également très épanouies de cette manière.
Alors qu’est-ce qui compte ?
Bien-sûr, dans l’ensemble il sera plus facile pour la plupart des personnes introverties dans un métier qui lui offre de nombreuses plages de travail solitaire. Mais on ne se rend souvent pas compte que l’on peut influer nous-même sur le rythme de notre emploi, en négociant ou en expliquant nos besoins.
Souvent, le rythme d’un emploi est organisé d’une certaine manière simplement parce que ça a toujours été comme ça, personne n’y a jamais véritablement réfléchi. Et il suffit d’amener le sujet sur la table pour que les choses bougent : ne pas participer à toutes les réunions, demander un peu plus de télétravail, mettre des écouteurs sur ses oreilles quand on a besoin de se concentrer, etc… les possibilités sont multiples.
Le job parfait est un équilibre bien trouvé
Dès lors, comment être heureux au travail quand on est introverti ? Dans quel domaine peut-on le plus s’épanouir ?
Par exemple : comment un introverti peut-il être heureux dans une fonction de commercial, au contact des clients toute la journée ?
Eh bien tout simplement en alternant de manière active les moments au contact des autres avec des moments solitaires. En s’autorisant des mini-retraites dans ses journées professionnelles : des déjeuners solitaires, des soirées tranquille à la maison, etc.
Comment peut-on être heureux dans une fonction à responsabilité, avec de nombreuses réunions et de nombreux contacts avec ses équipes, quand on se fatigue rapidement au contact des autres ? Quand on préfère les moments de concentration solitaire ?
La solution : s’autoriser à être soi. En s’autorisant à prendre son temps pour réfléchir avant de prendre une décision. En s’autorisant à envoyer des notes écrites plutôt que de systématiquement prendre le téléphone. En s’autorisant à ne pas venir à certaines réunions.
L’équilibre est l’une des clés les plus importantes. Savoir recharger ses batteries dans le calme fréquemment, et s’autoriser à être soi.
Les faux vrais métiers pour introvertis, et les vraies questions à se poser
Vous l’aurez compris, je ne vous donnerai pas la liste des 10 métiers idéaux pour les introvertis. Car ils n’existent tout simplement pas.
D’ailleurs, on voit souvent des listes à la Prévert de métiers pour introvertis comme :
- chercheur
- artiste
- artisan
- informaticien
- comptable
- bibliothécaire
- architecte
- etc…
En fait, il est faux d’affirmer que ce sont des métiers pour introvertis. On a l’impression au premier abord qu’ils sont particulièrement adaptés, et qu’un métier de commercial ou de professeur est plus adapté aux extravertis.
Encore une fois : c’est faux.
Par exemple, j’ai eu un client architecte qui souffrait beaucoup de devoir en permanence aller présenter ses projets, se mettre en avant… bien-sûr, une grande part de son travail est solitaire, mais en fait une part importante de son métier et de la prospection, de la présentation, etc…
Pareil pour un artiste, ou un chercheur : ils sont obligés d’aller chercher des partenaires, des crédits, des soutiens… pas évident quand on est introverti, malgré tout le plaisir d’avoir de grandes plages de travail solitaire.
Au contraire : le métier de commercial grand compte par exemple est bien moins extraverti qu’on ne le croit : on passe souvent beaucoup de temps en voiture ou chez soi à analyser et préparer les dossiers, et les contacts clients se font généralement en petit comité, avec des analyses profondes et assez intellectuelles.
Le métier de professeur est également bien moins extraverti qu’on ne le croit : être debout devant les élèves n’est pas forcément le plus fatiguant pour un introverti (tant que les élèves ne chahutent pas trop évidemment…).
En fait, lorsque j’ai commencé à m’intéresser au sujet, je pensais aussi que le meilleur des métiers pour un introverti, consistait forcément à rester seul à la maison à beaucoup réfléchir. Une activité de conseil et de formateur en ligne, par exemple ! Mais c’était surtout parfait pour moi. Et j’ai réussi cette reconversion, pour mon plus grand bonheur.
Depuis, j’ai rencontré tellement d’introvertis, m’expliquant que ces métiers n’étaient pas faits pour eux, que j’ai commencé à douter. Et j’ai compris, petit à petit, que le problème était ailleurs.
La vraie question : c’est le sens.
Certains diraient la “passion”. Mais je n’aime pas ce mot. Car il est rare d’avoir une passion qui soit véritablement compatible avec un métier. Et puis, les passions, ça évolue. La passion d’aujourd’hui n’est plus la passion de demain. On se lasse, on change.
La vraie question, donc, c’est le sens. Ce que je fais a-t-il un sens pour moi ? Et c’est probablement celle-ci, la grande différence entre les personnalités.
Quand on est extraverti, les journées sont emplies de petits bonheurs. De rencontres enthousiasmantes, de bruits et contacts qui nous emplissent d’énergie, nous rendent gai. Une discussion drôle autour de la machine à café, une rencontre imprévue dans la rue avec un collègue, un concert improvisé dans les transports en commun. Autant de choses qui nous épuisent, nous, introvertis.
Lorsque vous demandez à une personne extravertie ce qu’elle aime dans son métier, bien souvent elle vous parle de ses collègues, de l’ambiance bon enfant, de son chef hyper sympa. Nous, introvertis, sommes bien-sûr heureux qu’il y ait une bonne ambiance, mais ça ne nous enthousiasme pas forcément.
Ce qui m’enthousiasme, moi, c’est d’avoir résolu un problème. D’avoir réfléchi longuement et d’avoir fait avancé une cause, à mon échelle. Ce qui m’enthousiasme, c’est d’avoir vraiment fait quelque chose. Pour quelqu’un, pour mon entreprise, pour la société, pour une cause, ou tout simplement pour le département dans lequel je travaille. D’avoir fait du bon boulot.
Pour certains, cela va impliquer d’aller à la recherche de ce qu’ils aiment au fond d’eux, pour d’autres, cela va impliquer de chercher à prendre des responsabilités au travail, pour traiter de sujets plus intéressants. Mais pour tous : cela implique une démarche active de recherche de sens.
Trouver du sens dans ce que l’on fait ne veut pas forcément dire que l’on doit travailler pour une cause comme la faim dans le monde ou le réchauffement climatique. Non. On peut trouver du sens dans les moindres petites choses du quotidien. Mais trouver ce sens est important. C’est important pour tous. Quelle que soit la personnalité. Mais ça l’est particulièrement pour les introvertis, qui trouvent moins de petits bonheurs dans une journée professionnelle typique que les personnes plus extraverties.
Voici, donc, LE métier pour introverti par excellence.
C’est le métier qui a du sens pour vous, dans lequel vous vous réalisez. Car c’est cela qui vous donnera la force de vous lever le matin.
Le reste ne dépend que de vous : trouver votre propre équilibre dans votre quotidien, pour arriver à recharger assez souvent vos batteries d’introverti.
Mais pour nuancer mes propos, je finirais tout de même par ceci : il est important que le métier soit tout de même compatible avec nos besoins d’introverti. Ou dit différemment : il est important de se poser la question “est-il possible pour moi de trouver un équilibre qui me satisfasse ?”
Certains introvertis pourront être médecin urgentiste, car ils sauront compenser la folie de leur journée par une vie très calme une fois rentrés chez eux, et par la passion qu’ils ont pour leur métier. Mais ce n’est pas donné à tous. Beaucoup d’introvertis seront rapidement épuisés et malheureux dans ce type d’emploi.
Beaucoup d’introvertis seront particulièrement heureux dans un emploi solitaire : analyste pour un employeur, ou indépendant travaillant de chez soi. Mais il faut encore qu’ils trouvent un sens à ce qu’ils font, sans quoi ils se lasseront rapidement de leur quotidien solitaire. Et ils doivent avoir la force de compenser par des rencontres qu’ils iront chercher d’eux-même.
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