Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir Steve, lecteur du blog Un monde pour les introvertis et Québécois. Steve a accepté de partager son parcours avec nous, un parcours d’introverti qui se découvre petit à petit, et pour lequel le monde change avec la découverte de cette information.
Julien : Bonjour Steve, peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs du blog ?
Steve : J’ai 38 ans et je demeures à Drummondville, Québec au Canada. Je suis père de 3 enfants et en couple depuis maintenant 19 ans. Je suis Directeur des Services Professionnels et gestionnaire de projet dans une boîte de consultants informatique. Je suis maintenant dans le domaine de l’informatique depuis 15 ans. J’ai débuté à titre de technicien informatique et gravis les échelons pour atteindre aujourd’hui des postes de gestionnaires informatique.
Julien : Comment as-tu été amené à occuper des postes à responsabilité, et as-tu rencontré des difficultés particulières en tant qu’introverti ?
Steve : Pour être franc, devenir gestionnaire n’avait jamais été mon objectif. Premièrement, ma propre perception était que pour devenir gestionnaire, un diplôme universitaire/MBA était de mise afin de bien s’acquitter de ses fonctions de gestionnaire. Il y a maintenant 7-8 ans, je me suis vu offrir une responsabilité de gestionnaire de projet au sein d’un département informatique. Nous étions 4 à ce moment. J’avais informé la direction que mes fonctions se limiteraient à la gestion de projet puisque le département d’avait pas de directeur informatique officiel et j’avais une crainte qu’ils veulent m’assigner ce rôle par le fait même.
Mais voilà que le temps passe et au bout du compte, je me retrouve nommé comme responsable du département informatique et de son équipe. C’est à ce moment que le syndrome d’imposteur s’enclencha. Comme je le disais précédemment, devenir « boss » n’était pas mon but et je ne me sentais pas à ma place dans ce rôle étant donné ma perception des qualifications requises pour être un bon gestionnaire. Je me suis donc acquitter de cette tâches mais de façon discrète, on continuant à agir comme un collègue auprès de mon équipe. Sans imposer quoi que ce soit et en gardant toujours une excellente communication au sein de l’équipe. Leur bien-être étant ma principale préoccupation.
Le syndrome de l’imposteur est probablement la principale difficulté rencontrée mélangé à ma réserve. Je n’étais pas nécessairement celui qui prenait le plus de place et laissais beaucoup la parole aux membres de mon équipe. Cette attitude me donnait l’impression de ne pas bien faire mon travail puisque dans ma tête, en tant que gestionnaire, je me devais de prendre le « lead » et les décisions de ses rencontres.
Julien : Comment as-tu découvert ton tempérament introverti, et en quoi cela a-t-il changé ta perception des choses ?
Steve : Je suis une personne assez intense dans le sens de l’apprentissage. Lorsque j’étais technicien informatique, je lisais et lisais sans cesse afin de connaître en profondeur les technologies que j’avais à maintenir. Mes premiers postes de gestion étaient jumelés avec des tâches techniques. Je pouvais donc continuer à me plaire dans ma zone de confort qui était le technique. Cependant, depuis maintenant 2 ans, je suis totalement dédié à mon rôle de gestionnaire. C’est donc depuis ces deux dernières années que j’ai commencé à m’intéresser au monde de la gestion (Le PODC, Le leadership, l’intelligence émotionnelle, tests de personnalités, etc…). Je me suis inscris à diverses formations de gestionnaire afin d’y acquérir les compétences techniques mais c’est particulièrement mon cheminement à la Maison des Leaders qui m’a apporté le plus au niveau de mes questionnements.
Je m’étais déjà qualifié d’introverti sans vraiment en connaître la réelle signification puisque l’on m’avait déjà prêté les différents traits véhiculés tel que : “difficile d’approche”, “sauvage”, “pas très bavard”, bon vous voyez le genre. Je ne pouvais le nier alors je me suis donc apposé cette étiquette sans me poser d’autres questions. Donc un jours je décide de débuter la lecture d’un livre traitant de l’apprentissage de l’imperfection afin d’y dénicher des pistes pour réduire mes habitudes perfectionnistes. À l’intérieur du livre, on y avait fait un lien entre perfectionnisme et introverti. Hummm, perfectionnisme, difficile d’approche, sauvage, je ne voyais pas le lien. J’ai donc mis le livre de côté et débuté de nouvelles recherches sur le Web au sujet de l’introversion. De fil en aiguille, je suis tombé sur ton site. Le premier 30 min de lecture fût une telle révélation !
J’ai évidemment fait le petit quizz présent sur ton site pour voir si j’étais réellement introverti. C’était bien le cas et da façon très clair. Tout ceci ayant maintenant piqué ma curiosité, je suis allé voir la section des livres recommandés. Je suis allé voir chacun de ces livres sur Amazon. Lorsque j’ai vu la pochette du livre de Susan Cain, je l’ai reconnu, je le possédais chez-moi sans encore l’avoir lu. Je n’ai donc pas perdu de temps et je me suis remis à la lecture d’un nouveau livre. J’ai également été acheté le livre « Introverti et heureux » de Marti OLSEN LANEY. À la lecture de ces livres, les morceaux de puzzles se sont emboîtés l’une dans l’autre. Entre-temps, un de mes collègues nous a fait parvenir un petit test de personnalités en ligne de Myer-Biggs. Toujours le même résultat, je suis introverti à 91% sur le continuum Introversion-extraversion. Souvent les gens me disaient : « Ben non, tu n’es pas introverti, tu es très sociable et tu as un excellent sens de l’humour. De plus tu t’exprimes super bien ! »
Je me permet de sourire aujourd’hui. Avec la lecture de l’ouvrage de Marti OLSEN LANEY, je peux aujourd’hui affirmer que je suis introverti avec l’hémisphère gauche du cerveau qui domine.
Julien : Avant de découvrir que tu étais introverti, tu avais donc déjà effectué divers cheminements de développement personnel. En quoi cette notion d’ “Introverti” t’a apporté en plus ?
Steve : À partir de ce moment, j’ai ajusté ma vision de la vie. Dans plusieurs ouvrages de développement personnel, je pouvais lire que nous pouvions devenir qui nous voulions. Aujourd’hui, je préfères de loin la citation de Nietzsche qui dit : “Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire.” J’ai donc entrepris une réelle période d’apprentissage et d’acceptation de qui j’étais fondamentalement et d’y exploiter mes forces plutôt que de me battre contre ma nature. Je crois que nous devrions tous entreprendre cette démarche de connaissance de soi. Comme le mentionne si bien Susan Cain dans son ouvrage, je crois effectivement qu’il s’agit d’une erreur d’avoir un idéal pour tous. Dans les propos de Mme Cain, un idéal extraverti caractérisé par l’action, l’immédiat, le dynamisme et une vie sociale débordante.
Nous avons tous des prédispositions en partie biologiques. Nous devrions tirer avantage de s’explorer, se connaître, s’accepter et ensuite faire bénéficier notre entourage de nos atouts. Il n’y a pas d’idéal, nous avons tous une place qui nous convient en lien avec qui nous sommes.
Julien : Avec du recul, pourquoi penses-tu maintenant que ton entreprise t’a fait confiance en te donnant des postes à responsabilité ? Quelles sont les qualités qui t’ont aidées pour cela ? Avant de savoir que tu étais introverti, pensais-tu que ces qualités étaient banales ?
Hummm, difficile à répondre. Ce serait une bonne question à leur poser. Je dirais que comme je lisais et me documentais beaucoup, je pouvais m’exprimer avec assurance sur les sujets techniques. Je crois également que j’étais compétent techniquement. Les gens avaient donc une facilité à me faire confiance. De plus, je suis quelqu’un qui devient vite mal à l’aise lors de conflits. J’ai donc toujours fait le nécessaire pour conserver de bonnes relations avec mes collègues et une bonne aisance à la communication. Finalement, longtemps considéré comme un handicap, je crois que ma réserve a également jouer un rôle déterminant. Je ne prenais pas de place et laissais la place à mon équipe pour s’exprimer et recueillir les mérites de leurs travaux.
Julien : T’es-tu rendu compte qu’en tant qu’introverti, tu avais des forces que peu de gens avaient, et que tu peux utiliser dans ta vie, et en particulier dans ton emploi ? Si oui lesquelles ?
Steve : Sans aucun doute l’écoute et le calme. Lors des rencontres annuelles avec mes employés, ceux-ci ont l’opportunité de m’évaluer en tant que gestionnaire. Ils peuvent donc librement me dire ce qu’ils aimeraient que j’améliore, ce qu’ils apprécient et ce qu’ils attendent de leur gestionnaire. Être écouté et considéré est sans aucun doute la réponse qui revenait pratiquement à tout les coups. Le sens de l’écoute est une des grandes forces des introvertis.
Julien : Maintenant, les choses ont-elles changé dans ta vie ? Es-tu plus serein ? En particulier dans ta vie professionnelle ?
Je suis effectivement plus serein à bien des égards. Je peux aujourd’hui comprendre bien des épisodes professionnels qui m’ont fait douter plusieurs fois de mes capacités en tant que gestionnaire. C’est la même chose du côté familial. Combien de fois me suis-je senti coupable d’être bien un soir de formation à l’hôtel, complètement seul. Aujourd’hui, je suis en mesure de mieux comprendre ce sentiment. Ceci nous permet également, ma conjointe et moi, de mieux échanger sur des sujets divergents ainsi que sur diverses réactions de nos enfants. J’ai effectivement partagé tous ces lectures avec ma conjointe question d’arrêter d’avoir la réplique : « Chéri, tu étais dont ben bête 🙂 ! ».
Julien : Quel cheminement te reste-t-il encore à faire pour te sentir à 100% bien dans ta peau et performant, tout en étant un introverti fort et authentique ?
Julien : Pour le moment, je continue mon apprentissage sur moi-même avec diverses lectures. Je suis aujourd’hui convaincu de mes capacités à être gestionnaire et un leader efficace. D’ailleurs, je crois que plusieurs leaders/gestionnaires gagneraient à comprendre les forces de l’introversion dans un tel contexte. C’est pourquoi je compte partager mon expérience en mettant en place un site web en début 2016 qui portera le nom de « Leader et discret – www.leadersetdiscret.com». Ce site traitera des qualités de l’introversion en position de leadership, de l’écoute active et de la philosophie de vie du « servant-leadership ».
Julien : Merci beaucoup Steve pour ton partage, et bonne continuation sur ce beau chemin qu’est la découverte de toi-même !
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