Qu’est-ce que j’aime le silence !
J’aime le silence d’une discussion calme avec un ami. Une terrasse de café presque vide, un soir, sans musique. On pourrait presque croire que je veux pas parler. Mais ce n’est pas ça : tout mon esprit peut alors se concentrer sur la conversation. Je peux assimiler entièrement ce que mon ami me dit, l’interpréter, y réfléchir, et y répondre. J’ai le temps. Il a le temps.
J’aime le silence total d’une pièce d’appartement fermée à tout son extérieur.
Qu’est-ce que c’est reposant ! Le calme absolu. Je sens mon cerveau se reposer instantanément. Souffler. Le silence est d’or.
J’aime aussi le son diffus et lointain de la ville, la nuit. En ces nuits d’été, lorsque la ville est endormie mais continue à émettre un ronronnement tout doux. Cela renforce le silence de la pièce où je me trouve. Le bonheur de sentir que toutes les âmes qui m’entourent sont endormies, et que je suis seul. Avec le temps de réfléchir pour moi-même, de laisser mon esprit vaquer à des occupation désordonnées.
J’aime le bruit calme de la nature.
C’est un non silence. Il se passe tant de choses, et pourtant, cela ressemble au silence. Car les sons sont lointains, et doux. Ils ne couvrent pas le bruit de nos pensées.
Lorsque le son monte, je perds mes moyens. Lorsque les vrombissements des voitures me submergent, que la musique du restaurant couvre les voix, que la pièce bondée d’amis émet un brouhaha de conversations de plus en plus fort, couvrant toutes les conversations individuelles… je deviens incapable d’entendre les mots que l’on m’adresse. Certaines personnes aiment ça, et revivent dans le bruit. Elles aiment crier, couvrir de leur voix les bruits les entourant. Elles sentent l’adrénaline monter, et l’excitation de tant de bruits, lumières, de tant de personnes autour d’elles. Elles deviennent de vraies piles électriques, chargées à bloc !
Moi, je suis perdu. Je n’entends plus que les vrombissements des voitures. Je n’entends plus que la musique du bar. Je n’entends plus qu’un bruit diffus de conversations de plus en plus fortes, et suis incapable d’isoler les mots que mon interlocuteur m’adresse. Je sens que ma tête va exploser. Je n’ai qu’une envie : fuir. Mon interlocuteur continue à m’apprendre de nombreuses choses, que je n’entends plus. Il me pose une question : je lui demande de répéter en approchant mon oreille de sa bouche, pour pouvoir me concentrer sur ce qu’il dit. J’y arrive pour cette fois-ci, mais mes réserves d’énergie sont au plus bas. Je m’en vais.
Quel bonheur de se retrouver seul dans les rues nocturnes. Quel bonheur d’être dans la lune. Quelques voitures passent encore, laissant de longs intervalles de silence entre chaque passage. Je revis. Je respire. Mon corps entier se redresse, je regarde droit devant moi. Je me sens de nouveau moi, en pleine possession de mes moyens.
Qu’est-ce que j’aime le silence ! Oui, je suis introverti.
Et parfois, je n’aime pas parler non plus.
Et vous ? Comment vivez-vous le silence ?