Avoir de la répartie

Avoir de la répartie : qu’est-ce que c’est difficile ! Et qu’est-ce qu’on aimerait avoir cette répartie que certains manient avec tant de brio ! Répondre aux petites piques et critiques des autres en un éclair, comme certains savent si bien le faire. Savoir répondre dans la seconde à mon collègue qui me prend au dépourvu avec une question embarrassante…

Certains semblent être nés avec ce don. D’autres, comme moi, comme vous peut-être, semblent nés sans ce don. Et il semble que rien n’y fasse, on se laisse encore et toujours surprendre par des remarques ou des questions qui nous paralysent. Les mots ne viennent pas, et votre interlocuteur attend impatiemment une réponse de votre part, surpris et agacé que vous restez silencieux. Et comment se faire des amis sans avoir le sens de la répartie ?

Si vous êtes une personne de nature plutôt calme et discrète, de nature plutôt rêveuse, de nature introvertie, sachez qu’avoir de la répartie est par nature difficile votre type de personnalité.
Pas que ce soit impossible : on peut apprendre, bien-sûr, à s’en sortir dans nombre de situations. En apprenant quelques trucs, que nous allons voir un peu plus bas.

Mais certains mécanismes inhérents à la manière de fonctionner du tempérament introverti font qu’il sera toujours plus difficile pour nous, introvertis, de trouver nos mots rapidement, que pour des personnes plus extraverties.

La bonne nouvelle, c’est qu’en comprenant bien ce qui se passe, pourquoi c’est plus difficile pour vous, ça devrait déjà pas mal vous aider à vous améliorer pour répondre rapidement. Peut-être pas toujours répondre du tac au tac, mais vous allez voir, certains trucs peuvent pas mal vous aider.

Avoir de la répartie : les obstacles

Notre cerveau est naturellement avant tout programmé pour la profondeur, les discussions calmes et réfléchies. Et beaucoup moins pour avoir une répartie rapide en toute circonstance.

Il y a un rapport à la parole très différent chez les introvertis et chez les extravertis.

Chez les premiers, la parole est un moyen d’exprimer une idée mûrement réfléchie. Nous ne voyons pas la nécessité de dire une pensée qui ne soit pas un tant soit peu réfléchie et plausible. Lorsqu’on nous pose une question, nous sommes naturellement portés à l’analyser d’abord en silence, nous faisons appel à notre mémoire, mettons cette question en relation avec diverses expériences passées, puis formulons une réponse possible que nous finissons par extérioriser, une fois construite. Bien-sûr, tout cela se passe très rapidement et de manière plus ou moins inconsciente. Mais c’est en gros ce qui se passe.

Les seconds, eux, ont tendance à réfléchir à voix haute. Ils vont avoir tendance à émettre des hypothèses immédiatement, qu’elles puissent être vraies ou fausses. Le fait de les dire, de les entendre de leur propre voix, leur permet de réfléchir au bien-fondé de leur affirmation. Ils n’hésitent donc pas à répondre du tac-au-tac. Une fois sur deux, leur affirmation sera correcte. Une autre fois, elle le sera moins : mais qu’importe, cela fait avancer le débat.

Ce sont deux modes de fonctionnements différents. Aucun des deux n’est meilleur que l’autre. Ils sont simplement différents.

Pour les uns, la parole a valeur d’engagement. Pour les autres, la parole a valeur d’hypothèses.

Personnellement, je n’aime pas dire des choses à la légère, que je pourrais regretter par la suite. J’aime réfléchir à ce que je dis, avant de le dire.

La biologie de la répartie suivant votre tempérament

Dans son livre “Introverti et heureux”, Marti Olsen Laney explique en détails les voies empruntées par la pensée chez les deux types de tempérament.

Des chercheurs ont prouvé en suivant les flux sanguins des deux types de population, que les voies de réflexion sont bien différentes. Le principe de ces expériences est simple : on donne un exercice mental à des personnes introverties et à des personnes extraverties, et on suit le chemin du sang dans leur cerveau grâce à des marqueurs.

Chez les sujets introvertis : le sang passait par de longs circuits, traversant des zones associées à la planification, aux souvenirs, à la résolution de problèmes.
Chez les extravertis, le sang passait des circuits bien plus courts, et par des régions du cerveau associées principalement aux cinq sens (vue, odorat, toucher, goût, audition).

Cette expérience montre d’une part que les introvertis sont plus orientés vers le monde des pensées, le monde abstrait, et les extravertis vers le monde extérieur, le monde des sens. Ce qui rejoint la définition communément acceptée du tempérament introverti.

Mais cette expérience montre également que les chemins de pensée sont plus longs chez nous. Elle explique notre besoin de recherche de profondeur dans nos paroles, et de temps pour affirmer des choses qui ne soient pas prises à la légère. Ce qui explique en partie nos difficultés à avoir de la répartie.

D’autres expériences ont également montré que les introvertis sont constamment dans la recherche de leur mémoire à long terme, contrairement aux extravertis qui activent volontiers leur mémoire à court terme. Il faut du temps pour aller chercher la mémoire à long terme, qui contient des informations enfouies profondément dans notre cerveau. La mémoire à court terme, elle, est accessible beaucoup plus rapidement.

On voit bien par ces diverses expériences que notre mode de fonctionnement est fondamentalement différent.

Dès lors, comment pourrait-il être possible d’avoir de la répartie ?

Avoir de la répartie implique de répondre très, très rapidement. Cela ne laisse pas le temps à la réflexion. Cela ne laisse pas le temps d’analyser le pour et le contre, d’aller faire appel à des expériences lointaines, enfouies dans notre mémoire à long terme. Il faut répondre immédiatement, là, dans l’instant. Qu’importe ce qui sort de notre bouche, il faut le dire. Mais que faire quand rien ne sort ? Comment avoir de la répartie si notre biologie nous en empêche ?

Or, on ne change pas un tempérament, on l’apprivoise. On apprend à jouer avec ses forces. On apprend à amadouer ses mécanismes, pour déjouer nos interlocuteurs.

Ce que je vous propose : c’est de surprendre vos interlocuteurs, en changeant la donne. Vous n’allez pas suivre le chemin qu’ils vous proposent (vous imposent ?), qui est celui d’avoir de la répartie rapide et superficielle. Car cela ne vous ressemble pas.

Vous excellez dans la réflexion ? Qu’à cela ne tienne, utilisez cette force !

Avoir de la répartie “à la introvertie” : tout un art !

Quel est le but de la répartie ? Savoir répondre du tac au tac : est-ce une fin en soi-même ?

Lorsque l’on nous pose une question à laquelle nous ne savons pas répondre, au lorsque l’on reçoit une remarque qui nous laisse coi, nous nous sentons bête, inadapté à la discussion, inintéressant, passif… tout ce que vous voulez. Ce qui est sûr, c’est que nous ne nous sentons pas bien. L’œil impatient de notre interlocuteur n’arrangeant rien. Ce qui nous semble le plus important, dans ces moments, est de dire quelque chose le plus rapidement possible. Et si possible quelque chose qui ait un sens qui nous satisfasse. Pour ne pas regretter ensuite notre parole.

Calmer le rythme des discussions : ralentir

Ralentir le rythme de la discussion est une excellente méthode. J’ai réalisé qu’il était plus important pour moi de dire quelque chose qui corresponde à mes pensées, que de réagir rapidement. Et en partant de ce constat, il devient plus aisé de laisser mon interlocuteur attendre un peu. Et s’il n’est pas prêt à attendre, qu’il s’en aille !

J’ai remarqué que les conversations peuvent ralentir. Nous avons le pouvoir de calmer les discussions.

Comment ? En écoutant attentivement, en marquant un temps d’arrêt dans nos phrases, ou en parlant tout simplement moins vite. Si l’on fait attention à ces petits détails, vous verrez que le plus souvent, vous avez le pouvoir de ralentir la discussion. Une fois la discussion ralentie,il devient beaucoup plus “normal” de ne pas répondre immédiatement à chaque remarque.

D’autres techniques permettent également de ralentir le rythme, en vous accordant un temps de réflexion. En particulier, vous pouvez utiliser ce type de phrases pour faire passer le temps… le temps de trouver votre réponse :

  • Construire votre réflexion et votre réponse à l’oral:
    “oui, votre question est intéressante, et demande réflexion… [ici, vous pouvez commencer à réfléchir de manière approfondie à voix haute – une technique que j’utilise souvent pour m’accorder du temps] Si l’on considère la question de divers points de vue, l’un des points de vue possible pourrait être celui-ci… mais certains objecterons ceci… donc en fait, moi, j’aurais tendance à penser ceci.”
    C’est un mécanisme différent de celui des extravertis qui réfléchissent à voix haute, car eux vont avoir tendance à lancer des avis, quitte à ce que l’avis soit erroné. Vous vous contentez, ici, de suivre le chemin de votre pensée à l’oral, pour faire patienter l’autre. C’est également un excellent moyen de parler de soi.
  • Reformuler la remarque de l’autre, en lui demandant de confirmer sa pensée :
    ”Si je saisis bien ta remarque, tu trouves que le travail que j’ai fourni la semaine dernière n’était pas à la hauteur de tes espérances ? Et tu attends maintenant de moi que je le corrige au plus vite, c’est bien cela ? Tu souhaiterais que j’apporte de nouveaux éléments dans ce travail et tu souhaites que je te dise maintenant, tout de suite, quels éléments nouveaux je pourrais apporter ?”
  • Une fois la question reformulée, soit vous trouvez la réponse pendant le temps que vous avez gagné, soit vous ne la trouvez pas. Si vous ne la trouvez pas, demandez un délai :
    ”Eh bien ce que tu me demandes demande réflexion, je vais y réfléchir et reviens vers toi en fin de journée.”

Beaucoup d’entre nous sommes paralysés par la critique, et manquons beaucoup de répartie dans ces moments. Une bonne technique consiste à reformuler la critique de l’autre, et à lui demander pourquoi il pense cela ? Ensuite, vous pouvez affirmer que vous voyez les choses de manière différente, mais que vous avez besoin d’un peu de temps pour réfléchir à ce qu’il vous a dit. Vous lui proposez donc de vous retrouver un peu plus tard pour en parler seul à seul.

Certaines situations demandent d’avoir de la répartie, d’autres moins :

Vous remarquerez que lorsque l’on marche côte à côte en discutant, les blancs sont plus naturels que lorsque l’on se regarde droit dans les yeux. Il se passe autre chose, qui détourne notre attention durant quelques instants de la discussion, nous permettant de réfléchir à notre réponse.

De même, les discussions assises sont généralement plus tranquilles que les discussions debout.

Bien-sûr, il n’est pas toujours possible d’influencer la situation. Mais dans de nombreux cas, on pourra inciter notre interlocuteur à nous suivre pour aller chercher un café, ou aller nous balader quelques instants pour poursuivre la discussion dans un cadre plus agréable. Nous pourrons également proposer à notre interlocuteur de s’assoir. Cela marquera un temps d’arrêt dans la discussion, et vous donnera le temps de réfléchir à votre réponse.

La clé pour avoir de la répartie quand on est introverti : prendre le temps de répondre

Vous savez maintenant que vos circuits de réflexion sont plus longs que ceux de vos interlocuteurs. Vous savez que vous n’aimez pas dire des choses qui ne vous ressemblent pas : vous le regrettez généralement à postériori.

Vous DEVEZ donc prendre le temps de formuler la réponse qui vous convienne.

Vous devez DEMANDER ce temps. Il est de votre droit de vous autoriser à prendre ce temps de réflexion.

Seulement, votre interlocuteur est là, à attendre votre belle parole, et cette attente vous déconcentre, et vous paralyse.

Vous devez donc briser cette attente en détournant l’attention de votre interlocuteur de cette attente. Toutes les techniques citées plus haut sont des manières de s’autoriser à prendre le temps de répondre, et à détourner l’attention de votre interlocuteur de son attente.

Plus j’avance dans mes recherches et mes réflexions sur l’introversion, plus je suis persuadé que l’une des clés du bien-être pour les introvertis est d’utiliser la force de leur lenteur : la lenteur est très souvent une spécificité des introvertis, qui peut devenir une grande force si l’on sait l’utiliser à bon escient. Elle nous permet de réfléchir, d’analyser, de laisser notre créativité s’exprimer, de ne pas prendre de risques inconsidérés.
Nous prenons notre temps pour formuler nos idées, nos stratégies, nos rêves, nos actions… S’autoriser à prendre ce temps est une bonne action envers vous-même et envers les autres. Cela vous permet de donner le meilleur de vous-même.

Vouloir avoir de la répartie est finalement peut-être un rêve d’extraverti ? Un rêve de se fondre dans une société qui aime le verbe et l’action ?

Sachons agir à notre manière : avec lenteur et qualité.

Avoir de la répartie pour les introvertis : c’est savoir demander le temps de répondre à notre manière.

 

Et si cet article vous a plu, peut-être cela vous intéressera-t-il de voir comment avoir des amis quand on est introverti.

 

Julien Prest est blogueur, conférencier, formateur, spécialiste de l’introversion. 
Unique dans le monde francophone, la démarche de Julien Prest renverse les choses : au lieu de voir l’introversion comme un obstacle, elle en fait un atout. Mise en valeur, l’introversion devient un tremplin pour s’épanouir et s’affirmer.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Etre introverti c’est avoir besoin de calme et de solitude pour recharger ses batteries.
Ce n’est pas de la timidité ! … on peut être introverti ET très sociable !

Pourtant, dans notre société de “savoir paraître” et de “savoir parler”, les introvertis ont souvent du mal à trouver leur place.

Comment concilier son tempérament calme et discret avec une vie sociale épanouie ?
Comment s’affirmer, se sentir bien dans ses bottes, ne plus douter et s’en vouloir d’être qui vous êtes ?

Je vous aide sur ce site à vous épanouir pleinement dans votre vie et vos relations sociales, dans le respect de votre tempérament calme et discret.

Vous venez de découvrir le blog ?
Commencez par recevoir les emails quotidiens de Julien – un conseil chaque jour dans votre boite email :

Je ne suis pas sûr d’être concerné…

Si vous n’êtes pas sûrs d’être concerné par l’introversion, je vous propose de passer un simple test pour déterminer votre personnalité ! Ainsi, vous en saurez plus sur vous-mêmes et vous pourrez vous épanouir dans votre nouvelle vie d’introverti.

J’aimerais être coaché ou suivre une formation

Profitez d’une formation gratuite : la newsletter quotidienne !

Si vous souhaitez suivre une formation plus personnalisée et adaptée à vos besoins, vos attentes, et votre personnalité, je propose différentes formations pour vous aider à vous épanouir.

Bonjour, c’est Julien

Merci pour votre confiance, en ayant rejoint mon blog, Un monde pour les intr o vertis !

Si le contenu vous parle, et vous plait : je vous propose de recevoir mes conseils gratuits par email.
Chaque jour : 1 conseil dans votre boite email, vers 17h.

L’objectif ? Tout simplement vous aider à vous affirmer et vous épanouir dans notre société si extravertie. 

Pour vous permettre d’être pleinement vous-même, introverti ET épanoui, en vivant votre introversion non plus comme un défaut… mais comme un véritable atout.

Rejoignez la 1ère newsletter francophone 100% dédiée aux introvertis !

Recevez un conseil par jour avec la newsletter

1 conseil gratuit, chaque jour, dans votre boite email, pour gagner confiance en vous, vous affirmer, et vous épanouir pleinement… dans cette société qui aime tant l’extraversion !

(Et recevez en cadeau de bienvenue un ebook de 54 pages riches de conseils pour gagner en aisance dans vos relations si vous êtes introverti)

Ebook "Guide des relations humaines pour introvertis"

  En complétant ce formulaire vous acceptez de recevoir des conseils quotidiens de ma part par email, ainsi que des offres pour mes formations et accompagnements. Vous pouvez vous désinscrire de cette newsletter à tout moment en cliquant sur le lien prévu à la fin de chaque email)