La phobie sociale, qu’est-ce que c’est ? En quoi est-ce différent de timide ou introverti ?
J’ai invité ici Quentin, auteur d’un blog sur la phobie sociale, à nous expliquer de quoi il retourne… voici son expérience :
« D’après vos résultats, vous êtes incontestablement victime de phobie sociale ».
Enfin. Enfin je savais pourquoi je n’étais pas comme les autres. Pourquoi j’évitais de sortir et pourquoi j’étais anxieux en permanence.
« D’accord docteur. Mais c’est quoi au juste ? Et comment vais-je me sortir de cette situation ? » lui ai-je répondu.
Ce dialogue, c’était il y a plusieurs mois. Pourtant, je souffrais de cette maladie depuis plusieurs années.
La plupart des gens ignorent ce qu’est la phobie sociale, et en diminuent les symptômes et sa gravité.
Voici donc le véritable visage de la phobie sociale, que je vais vous décrire à travers mon expérience : celle d’un homme qui a vécu des années sous la peur et la honte, avant de renaître.
Qu’est-ce que la phobie sociale ?
D’après le psychologue Vincent Trybou, la phobie sociale serait « la peur intense et persistante de se retrouver dans une situation où l’on doit parler, donner son avis ou faire quelque chose sous le regard d’une ou plusieurs personnes. »
Un phobique social vit donc cette situation comme un danger, car il se sent mis à l’épreuve, jugé, observé, et redoute d’être critiqué ou humilié.
Il a peur de ne pas savoir gérer, de perdre ses moyens, que ce qu’il dit soit estimé inintéressant, inapproprié, bête.
La personne phobique sociale pense qu’elle ne sait pas faire les choses ni s’exprimer correctement et qu’en raison de cela on va la tourner en ridicule puis rire de son malaise.
Elle se retrouve alors victime d’une anxiété extrême, incapable de se confronter à certaine situations sociales.
Petit à petit, le piège se referme : la victime ne sort plus, car finalement, le seul endroit ou elle se sent bien, c’est chez elle…
Si vous êtes atteint de phobie sociale, vous vous reconnaissez sans doute dans cette définition.
En France, on estime à environ 4% le nombre de personnes touché par cette maladie. C’est beaucoup plus que ce que vous imaginiez, pas vrai ?
Et oui. Pourquoi ?
Tout simplement par ce que les phobiques sociaux mettent des années à demander de l’aide et se faire diagnostiquer. Quand ils le font…
« Le noyau dur de la phobie sociale, c’est la peur d’avoir honte et que cela se voit. »
Note : une peur à distinguer de la peur de la foule, très différente…
Êtes-vous timide ou phobique social ?
Si vous parcourez encore ces lignes, alors il y a de grandes chances pour que vous soyez dubitatif sur le caractère de vos symptômes.
Êtes-vous simplement un grand timide, ou bien souffrez-vous d’une phobie sociale ?
Il y a trois grands critères plus ou moins vagues pour distinguer ces deux notions et le passage de la timidité à la phobie sociale :
1- l’intensité de votre anxiété
2- l’intensité de votre détresse et de votre handicap
3- les contraintes imposées par le trouble (la personne phobique sociale se sent contrainte par sa maladie, alors que le timide arrive « à faire avec »).
Voici les différences majeures définies par André et Légeron, qui montrent bien que les deux entités fonctionnent différemment d’un point de vue cognitif et comportemental :
Comme on le voit, il existe de très nettes différences entre timidité et phobie sociale.
Les personnes disant que votre timidité « passera avec le temps » réduisent votre souffrance par ignorance.
Prenez le temps d’expliquer calmement à ces personnes ce qu’est réellement votre maladie.
Comment guérir de la phobie sociale ?
Nous voici désormais à la partie la plus intéressante. La plus importante. Mais aussi la plus délicate.
Je préfère vous mettre ne garde de suite. Vaincre la phobie sociale n’est pas facile, et n’est pas à la portée de n’importe qui. Moi-même, j’ai mis du temps à le comprendre.
LA chose à comprendre
Après que l’on m’ait diagnostiqué cette fichue phobie sociale, je me suis lancé dans une thérapie entourée de psychologue, psychiatre et groupe de parole.
Et celle-ci n’a pas fonctionné.
Pourquoi ?
Car je n’avais pas compris une chose.
Vous devez vouloir guérir, et surtout, NE PAS COMPTER SUR LES AUTRES pour vous en sortir.
Pendant des semaines, je me reposais sur mes rendez-vous avec tel ou tel spécialiste. Je me voilais la face.
Car en réalité, personne d’autre que VOUS ne pourra vous guérir de la phobie sociale.
On peut vous donner des pistes, des astuces, des méthodologies, mais pas vous forcer à guérir.
C’est comme le sport. On peut vous donner des conseils, des méthodes, mais on ne pourra pas vous forcer à progresser. Cela ne dépendra que de vous.
Gérer mon anxiété
Avant toute chose, je devais diminuer mes symptômes d’anxiété.
Vous savez, cette douleur dans la poitrine en permanence, les mains moites, les maux de ventre, et j’en passe.
Alors, j’ai testé. Puis testé. Et encore testé. J’ai testé des dizaines d’astuces pour diminuer mon anxiété. Le sport, l’alimentation, la respiration, la méditation, les plantes…
J’ai éliminé la majeure partie de mes essais, pour ne garder que quelques exercices qui fonctionnaient.
Traitement de ma phobie sociale
Une fois que mon anxiété était supportable, je me suis alors attaqué à ma phobie sociale.
Et cette fois-ci, pas question d’échouer.
J’avais un plan d’action clair, basé sur la TCC (technique cognitive comportementale) principalement, et sur mon expérience et mes erreurs passées.
Dans un premier temps, j’ai entrepris de me connaître plus moi-même, et le fonctionnement si mystérieux de mon cerveau. Trouver les origines de ma phobie sociale, analyser mes pensées automatiques, définis mes objectifs, voilà le descriptif restreint de la première phase de guérison.
Deuxième phase : préparer l’éclosion.
J’ai analysé mes croyances, les distorsions cognitives dont j’étais victime complètement inconsciemment, en transmettant toutes les données dans des tableaux synthétiques.
Ils me serviront plus tard.
Un travail sur les émotions et sur l’anxiété de performance pour compléter, et j’étais enfin prêt pour la dernière phase.
LA phase. Celle qui me permettait de vivre la renaissance. Celle qui me ferait revivre.
L’exposition progressive.
Petit à petit, selon des règles et un temps stricts, j’allais m’exposer aux situations angoissantes.
J’allais devoir être capable de gérer mon anxiété, et de me confronter à mes peurs les plus profondes.
Cette phase demande du courage et de la volonté. Mais ne me dite pas que je ne vous avais pas prévenu !
La renaissance
Ce n’est pas à la fin de la thérapie que vous allez vous réveiller et vous dire « tiens, je sens que je ne suis plus phobique social ».
Non. Trop simple.
Simplement, c’est en re pratiquant les choses simples de la vie que vous aller vous dire que vous êtes enfin libre.
Assis sur la terrasse d’un café avec des amis, vous vous direz « tiens, j’en étais incapable avant ».
Et quoi de plus merveilleux que d’avoir ce sentiment de libération et d’accomplissement ?
Si je l’ai fait, alors vous aussi.
Prenez-vous en main, et choisissez de vivre votre renaissance.
Je m’appelle Quentin et suis en dernière année dans une école de commerce à Lyon.
Il y a un an, j’ai dû arrêter mes études à cause d’une maladie: la phobie sociale.
J’ai traversé une période très difficile où j’ai mis énormément de temps et épuisé beaucoup d’énergie à comprendre ce qui m’arrivait.
J’ai tout essayé pour m’en sortir: les psychiatres, les psychologues, les médicaments, rien n’y faisait complètement. L’anxiété et la dépression m’empêchaient encore de vivre.
Mais aujourd’hui, grâce à un gros travail personnel, je suis guéri. Je redécouvre la vie comme avant, d’où le nom de mon site Internet: Blog Renaissance.